Article paru en VOA dans le magazine Brainz et traduit avec soin par Sarah Béliveau.
Il y a six ans, un événement est venu bouleverser ma vie et marquer le début d’un changement incroyable. À ce moment, je ne me doutais pas que cette journée où j’ai perdu mon emploi deviendrait un tel moment charnière dans ma vie et que mon univers en serait positivement transformé. Ce fut la fin d’une époque.
Cet événement m’a poussée à changer de milieu et à m’installer à la campagne, à revoir ma carrière, à faire la connaissance de nombreux nouveaux amis, à bâtir une entreprise et à me transformer physiquement! Me voici donc maintenant dans une nouvelle version de moi-même, 15 kilos en moins et sobre d’alcool. Le simple fait d’écrire cette phrase me semble surréel.
En août 2016, alors que j’étais assise dans une salle de conférence avec des collègues de travail, j’ai su instinctivement que ma vie allait drastiquement changer. Ma supérieure avait pris un vol depuis Toronto pour me rencontrer en personne. Je me rappelle son énergie douce et attentionnée lorsqu’elle est entrée dans la pièce. J’ai encore à ce jour un immense respect pour cette femme et énormément de compassion pour ceux qui ont vécu la même situation que moi, soit d’être remercié de leurs services, mais sans la délicatesse d’en être informés en face à face.
Je revenais d’une semaine passée dans un ashram aux Bahamas, où j’avais pris part à un programme de yoga et de méditation sans alcool ni caféine. J’étais plus détendue que jamais. Lorsque ma supérieure m’a appris que je perdais mon emploi, j’ai en fait ressenti une espèce de paix intérieure, encore dans les brumes de mon expérience yogique. Je me sentais ok, un peu triste, mais légère et ok. Tout était sous contrôle, à ce moment.
Quelque part, d’une quelconque façon, une partie de moi se sentait soulagée. Ma petite voix intérieure qui pensait toujours ne pas être assez m’a simplement rappelé que, de toute façon, je n’avais jamais vraiment « appartenu » à cet univers professionnel trop élevé pour moi. Je me sentais comme un imposteur. J’ai secrètement pensé qu’ils avaient finalement découvert que je n’avais rien à faire là. J’ai su, par la suite, que ma mise à pied avait été réalisée dans le cadre d'une réorganisation massive de l’entreprise et que de nombreux collègues allaient aussi être remerciés. Donc, la petite voix qui me disait que ce monde n’était pas le mien était, en réalité, une fausse croyance profondément ancrée en moi. Heureusement, je suis éventuellement parvenue à modifier cette croyance.
Leçon 1 : Vouloir aller trop vite.
À peine quatre jours après avoir perdu mon emploi des huit dernières années, je me présentais à ma première entrevue. Il pleuvait, mais je souriais, heureuse d’avoir été retenue en entrevue aussi rapidement. Durant l’entretien toutefois j’ai eu une sorte d’absence mentale. Je ne me souvenais de rien concernant le poste convoité. Je me sentais confuse. Je voulais juste rentrer à la maison.
Sur le chemin du retour, j’ai réalisé que je ne voulais plus d’une copie conforme de mon dernier emploi, dans une autre grande entreprise. Dans mon désir de remplir rapidement le vide dans ma vie, j’avais choisi le chemin le plus familier. Mais j’avais peut-être besoin de créer un nouveau chemin « familier ». À cette époque, je détenais déjà une certification de coach et je songeais parfois à démarrer mon entreprise. J’ai fini par le faire, mais les affaires sont demeurées stagnantes pendant trois ans, jusqu’à ce que je devienne hypnothérapeute. Dans mon subconscient, j’avais semé les graines de la possibilité de devenir « solopreneur », plusieurs personnes me poussait dans cette voie. Je croyais que ce n’était pas pour moi, je croyais que j’avais besoin de sécurité et que je n’avais pas ce qu’il fallait pour démarrer une entreprise toute seule.
Leçon 2 : Notre réseau est notre système de soutien. Mieux vaut le construire adéquatement.
Je suis un peu intimidée par les grands groupes. Je vais rarement dans les cocktails et autres rassemblements où il faut faire du relationnel. J’ai donc été ravie de constater que je possédais un entourage social vaste et solide sur lequel je pouvais compter. Des gens qui se souciaient suffisamment de moi pour m’inviter à dîner, me conseiller, m’écrire ou m’appeler régulièrement pour savoir comment j’allais. Ces personnes m’ont grandement encouragée et ont contribué à ma guérison. Ils croyaient en moi! J’étais à la fois ébahie et reconnaissante d’avoir réussi à m’entourer d’aussi bonnes personnes.
Qu’on le veuille ou pas, perdre son emploi, particulièrement à la fin de la quarantaine, ça donne un solide coup à l’estime de soi. Lorsque vous faites partie du monde des RH, que vous avez vous-même mis à pied d’excellents employés, on pourrait croire que ce sera plus facile, qu’on a l’habitude. Mais on ne s’habitue jamais à ça. Du moins, pas moi. Il existe une sorte de préjugé entourant la perte d’emploi. Les gens se demandent secrètement si vous aviez un problème pour avoir mérité une mise à pied. Alors on ressent souvent le besoin de se justifier.
Leçon 3 : Prendre une pause et dire oui à un emploi de transition.
Les mois passent, puis vient le temps des Fêtes et des rassemblements familiaux, des voyages et des nouvelles rencontres. Plein d’occasions pour se faire des contacts et obtenir des recommandations professionnelles. Chercher un emploi est parfois une occupation à temps plein. Certains croient qu’on profite d’une période de repos, mais le stress de l’incertitude, la pression constante de devoir « se vendre », et le rythme parfois étourdissant des entrevues sont fatigants! C’est acceptable de prendre une pause.
Prendre une pause, que ce soit en voyageant ou en prenant du temps pour soi d’une quelconque façon, est essentiel pour pouvoir mieux replonger dans la chasse à l’emploi. Ça permet de refaire le plein d’énergie physique et intellectuelle. Ça permet aussi de se remettre à jour sur tout ce qu’on a manqué. C’est en outre un moment idéal pour se mettre en mode créativité, puisque l’esprit est libre de vagabonder. De plus, de nos jours, on n’a plus à rester à la maison pour chercher un boulot. Alors, pourquoi ne pas explorer les possibilités offertes par les employeurs tout en passant du temps avec des amis à la campagne ou en voyage ?!
C’est de cette façon que j’ai fini par accepter un poste de consultante pour une petite entreprise que je connaissais. Encore une fois, à ce moment, j’ignorais que cela allait devenir une occasion incroyable pour moi de faire le pont entre être employée et entrepreneure. Dans cette entreprise, j’ai développé beaucoup de compétences qui m’ont été utiles pour démarrer mon entreprise.
Et pendant que j’apprenais les rouages du monde des sociétés de conseil, je suis devenue sobre. Mon horizon de vie commençait à se dessiner différemment, de nouveaux cercles d’amis se formaient et de nouvelles habitudes de vie s’installaient.
Leçon 4 : S’ouvrir à de nouvelles possibilités.
Avec ma nouvelle sobriété, mon intérêt pour de nouvelles choses s’est développé. Je me suis inscrite à une fin de semaine de formation en PNL (programmation neurolinguistique). L’un des cours comportait une démonstration d’hypnose et je me suis portée volontaire à l’exercice. Je suis instantanément tombée en amour avec l’hypnose, ses possibilités infinies et la rapidité des résultats. J’ai donc décidé de prendre des séances privées avec l’instructeur pour m’aider dans mon processus de sobriété.
À la fin de la première séance, j’ai su que j’allais devenir hypnothérapeute, mais je ne savais pas à ce moment que ce travail allait aussi faire appel à mes compétences en coaching, à mon expérience de cadre d’entreprise, et à la science de l’hypnose pour aider les gens à réaliser des transitions et à transformer leur vie. Je me sentais audacieuse, comme si ces trois dernières années qui avaient suivi ma perte d’emploi prenaient maintenant tout leur sens. Je me sentais enfin en paix avec cet événement.
À cette époque, jamais je n’aurais cru ou même considéré devenir hypnothérapeute et entrepreneure. Mais la vie prend de drôles de tournures parfois. Une chose menant à l’autre, je suis passée du choix d’un emploi de transition à l’inscription à des cours et tout est soudainement devenu clair.
Après plus de 2000 heures à pratiquer l’hypnothérapie pour aider des clients à réaliser des transitions et à se transformer, j’arrive à voir en rétrospective de quelle façon j’ai été inconsciemment dirigée à faire une série de choix qui ont fini par avoir un sens.
Drôlement, mon frère m’a rappelé récemment que j’avais suivi des cours de méditation et de relaxation à l’école secondaire et qu’après l’école j’offrais des séances pour mes frère et ma sœur un peu comme je fais aujourd’hui avec l’hypnose. J’avais complètement oublié cette période de ma vie, au point où j’ai vraiment dû faire un effort de concentration pour m’en souvenir. Puis, il y a environ un mois, j’ai rencontré par hasard une de mes bonnes amies du secondaire et, lorsqu’elle a su que j’étais hypnothérapeute, elle m’a dit « je ne suis pas surprise, tu te rappelles, tu faisais ça avec nous à l’époque! ». Honnêtement, je ne m’en souviens pas, mais je présume que les signes ont toujours été là.
Durant les séances avec mes clients, nous allons chercher ces moments de l’enfance et explorer les indices qui pourraient les diriger vers leurs aspirations les plus profondes. Souvent, les éléments qui composent notre véritable voie ou essence sont déjà en place, attendant seulement qu’on y accède. Le simple fait de discuter avec une ancienne connaissance peut permettre de révéler des trésors cachés en nous.
Je crois pertinemment que je suis une meilleure personne aujourd’hui et que ma vie est plus riche qu’à cette époque où ma supérieure m’a appris la dure nouvelle de ma mise à pied. Je comprends, avec le recul, que cette expérience ne fut qu’un apprentissage qui a mené à bien d’autres.
Je sais aussi que ma carrière en entreprise a été essentielle pour me permettre de bâtir ma propre entreprise. Elle m’a permis de développer un énorme réseau social, des gens qui m’ont offert un sentiment d’appartenance et une crédibilité. En fait, chaque emploi que j’ai occupé au cours des 40 dernières années a contribué à me donner l’expérience nécessaire pour devenir entrepreneure. Chacun d’eux, de la vente d’encyclopédies en porte-à-porte, en passant par la cuisine d’un restaurant de fastfood et le magasin de vêtements, jusqu’au poste de cadre des RH.
Leçon apprise en prime : L’expérience humaine.
La directrice des RH que j’ai un jour été m’a peut-être aidée à comprendre la mécanique d’une perte d’emploi. Maintenant que je l’ai moi-même vécu, je possède une meilleure compréhension de cette expérience humaine. Je constate que ce qui peut être considéré à première vue comme la fin de quelque chose peut se transformer en une toute nouvelle étape de vie. Notre emploi influence évidemment tous les aspects de notre vie : notre ego, notre image, nos finances, nos relations, etc. Et un peu comme l’hypnose, perdre son emploi peut parfois être un événement qui nous transforme, un tournant menant à une toute nouvelle vie.
Si vous ou quelqu’un que vous connaissez vivez une période de transition difficile, je vous invite à communiquer avec moi pour bénéficier d’une consultation gratuite de 30 minutes et voir comment l’hypnothérapie peut vous aider.
Janylène Turcotte, ACC, C. Hyp, RTT
Comments