Article publié en VOA dans le magazine Brainz et traduit habilement par Sarah Béliveau.
J’adore les histoires, particulièrement les histoires vécues qui décrivent les aspects émotionnels et psychologiques de la vie d’une personne, de son intériorité profonde.
Voici une histoire sur ma mère et moi. Ce récit porte sur une période difficile de notre parcours, qui a laissé une empreinte significative sur ma vie. Je dirais que c’est aussi une leçon de vie qui révèle à quel point nous choisissons souvent le chemin des résistances et rejetons des éléments précieux de notre enfance, pour réaliser beaucoup plus tard la chance que nous avons eu d’avoir été exposés à une telle sagesse aussi jeunes.
Lorsque j’étais à Los Angeles, je suivais une formation sur la Rapid Transformational Therapy (RTT) avec Marisa Peer, femme très respectée dans ce domaine et dotée d’une force phénoménale. Durant cette période, je pensais sans cesse à ma mère et j’entendais même sa voix régulièrement dans ma tête. J’ai réalisé que la plupart des enseignements de Marisa, par exemple que notre cerveau prend pour du cash, les mots et les images que nous avons en tête, ou la façon d’utiliser le pouvoir de la suggestion, étaient exactement les mêmes que ma mère m’avait transmis plus jeune.
Elle nous disait toujours de « choisir soigneusement nos mots ». Elle utilisait elle-même des mots gentils et positifs d’encouragement lorsqu’elle nous parlait, pour nous aider à bâtir notre confiance et notre force intérieure. Avec le recul, je réalise qu’elle portait vraiment attention à tout ce que nous disions. Par exemple, si j’affirmais : « Je sais que je ne serai pas capable... » Elle disait : est-ce que je peux te suggérer de dire plutôt « je sais que je vais trouver un moyen d’y arriver »? Elle était très consciente du pouvoir des mots et voulait que nous ayons les outils pour faire face à l’adversité de la vie, pour voir les possibilités au lieu des difficultés.
À cette époque, je n’arrivais pas à apprécier la valeur de ses paroles et de son approche, et en tant qu’adolescente typique (c’est-à-dire qui ne cherchait à faire que le contraire de ses parents), je la critiquais vivement.
Trente ans plus tard, ma mère nous apprend qu’elle est malade. La première chose qu’elle a dite était sur la façon dont elle voulait qu’on parle du mot commençant par la lettre « C ». Ce vilain mot de six lettres, souvent chuchoté comme un secret qui ne se propagera pas si on ne le prononce pas trop fort. Sa première affirmation claire était que cette maladie ce n’était pas SON cancer, mais UN cancer. Elle nous a expliqué qu’elle REFUSAIT de s’approprier ce visiteur. Ce cancer ne lui appartenait pas.
Je peux encore entendre ma réaction autant naïve qu’empathique qui lui répondait, « mais maman, c’est un cancer, c’est cela la réalité ! ». Je lui disais qu’elle se mettait la tête dans le sable et que sa philosophie ne faisait pas de sens. Elle a prononcé ce mot interdit de six lettres à peine quelques fois, et uniquement lorsque cela était vraiment nécessaire. Des années plus tard, après avoir lu l’œuvre magistrale de Bruce Lipton, The Biology of Belief, et avoir vu comment ces principes s’appliquaient aux fondements de mon travail en tant que thérapeute RTT, j’ai réalisé que ma mère voyait juste. On pourrait dire que la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre, je présume!
Ma mère utilise le pouvoir de la suggestion et des mots de programmation à la maison depuis que je suis toute petite. J’ai tellement d’histoires en tête qui appuient la puissance de sa méthode. Elle était en avance sur son temps et, avec le recul, je trouve dommage qu’elle ait eu à prétendre qu’elle avait entendu ce « truc » à la télévision ou qu’elle l’avait lu dans un magazine pour éviter que les gens la prennent pour une folle. Mais je m’égare...
Donc pour revenir à l’histoire, les traitements de radiothérapie ont commencé et ma mère a maintenu ses croyances. « Je pars au Club Med », disait-elle à propos du séjour qu’elle s’apprêtait à faire à l’hôpital. Elle ajoutait, « Je ne veux aucune visite! Je vais avoir mes traitements le matin et je vais essayer tout ce qui est sur le menu le reste de la journée! ».
Chaque jour, armée de son attitude de guerrière pacifique, elle a participé à TOUTES les activités proposées par le centre où elle séjournait. Elle voulait rester incognito et s’ouvrir aux autres sans être jugée. Attendre un visiteur lui aurait fait rater la fête!
Dans son processus de guérison, elle s’est mise au dessin thérapeutique, qu’elle a adoré car elle disait que cela stimulait sa créativité et sa concentration. Elle est allée au cinéma voir des films qu’elle n’aurait pas choisi auparavant , elle a eu des conversations significatives avec des gens et a créé des liens avec eux à un tout autre niveau. Durant toute cette période, elle a mis en pratique la pleine conscience pour faire circuler une énergie nouvelle dans son corps et, avec la force générée par cette dernière, elle a ordonné à son corps de guérir et de se régénérer.
Elle a acquis une grande puissance grâce à cette pleine conscience. Cela l’a aidée à maintenir un bon enthousiasme à propos des activités réalisées au centre et à demeurer ouverte sur ses chances de guérison.
Elle racontait tout avec joie et ce faisant, elle est DEVENUE joyeuse.
Évidemment, cela ne minimise pas les conséquences médicales ou physiques de sa maladie. Oui, sa peau était brûlée, elle avait des douleurs et des jours difficiles. Mais elle a décidé d’en tirer l’aspect positif. Son attitude et sa façon créative de vivre sa maladie lui ont permis de se créer une nouvelle réalité qui a amélioré son expérience de la radiothérapie et ultimement l’a aidée à grandir.
Aujourd’hui, nous sommes plus à l’affût de ces méthodes et beaucoup d’auteurs ont écrit sur le sujet du pouvoir de la suggestion. Malheureusement, à l’époque de ma mère, ce genre d’approche était plutôt considérée comme un mythe et peu de crédibilité était attribuée à l’efficacité de cette pratique.
Je vous raconte cette histoire très personnelle au sujet de ma mère, avec son approbation, pour illustrer à quel point le pouvoir d’une croyance peut changer votre vie. En fait, il s’agit d’un fondement dans ma pratique en RTT et un objectif sur lequel je travaille avec mes clients. J’ai été régulièrement témoin de la façon dont une croyance, positive ou négative, peut modifier le cours d’une vie.
Comme bien des gens qui font face à la maladie, ma mère a dû gérer un sentiment de colère. Elle a participé à une formation sur la canalisation de la colère et les moyens de l’exprimer d’une manière constructive et authentique. Cela l’a tellement inspirée qu’elle m’a un peu plus tard enseigné les principes et mécanismes de défense qu’elle y a appris. Cet enseignement fait aujourd’hui partie intégrante de ma pratique.
Et cette histoire a une fin heureuse, qui continue à ce jour à habiter ma mère. Après ses traitements, elle est retournée à la maison et a continué à explorer des façons d’enrichir sa vie. Elle a entre autres repris des leçons de piano et suivi des cours d’espagnol. Elle s’entraîne maintenant en vue d’obtenir sa ceinture noire en kickboxing et déclare fièrement « ils ne savent pas que j’ai 74 ans sur le tapis, nous sommes tous égaux ».
La « morale » de cette histoire? Ne laissez jamais les événements difficiles de la vie définir qui vous êtes et comment vous devez vivre, et souvenez-vous :
Certaines expériences peuvent entraîner des réactions instinctives sur le moment, mais le sens que vous leur donnez et la façon dont vous avancez dans l’adversité relèvent de votre décision. C’est bien de vivre sa douleur pendant un certain temps. Mais tout finit par passer et par occuper une place différente dans notre esprit. Vous n’êtes pas dans l’obligation d’obéir aux gens qui vous disent quoi faire, comme de faire face à la réalité, comme je l’ai dit à ma mère par le passé!
Admettons que c’est plus facile à dire qu’à faire. Et il s’agit de l’objectif principal de mon approche aujourd’hui en tant que thérapeute RTT. Ce sont des habiletés fondamentales et des outils que j’utilise pour aider mes clients à créer et à vivre leur propre réalité grâce au pouvoir de la suggestion, aux mots de programmation, à la joie et à l’enthousiasme.
De cette façon, je n’aide pas seulement les gens à traverser des étapes charnières de leur vie, je déclare également à ma mère à quel point je l’aime et je suis honorée qu’elle m’ait offert ce don de sagesse intérieure.
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